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Deuil périnatal : la grossesse d’après

Quand on a vécu un deuil périnatal, la question d’un nouvel enfant est un débat qui peut être très compliqué, d’emblée. Certains parents vont vouloir se lancer très vite à corps perdus dans la conception d’un autre enfant, tandis que d’autres voudront prendre leur temps, le temps du deuil. Pour d’autres encore, c’est même complètement hors de propos, inconcevable, impensable.

Chez nous, la perte de notre Luciole était aussi celle de la famille idéale telle que nous l’avions rêvée, et telle que nous voulions la construire. Deux enfants – deux filles, en fait – avec une différence d’âge aussi faible que possible pour leur donner toutes les chances de bien s’entendre et de se serrer les coudes. Avant de se faire gronder, on ne dit pas qu’il y a une différence d’âge idéale, nous disons simplement que nous l’avions placée, pour nos enfants, à moins de 5 ans. Alors quand on nous a volé notre Luciole et notre idéal familial, la question d’une nouvelle grossesse nous a turlupinée pendant un sacré bout de temps.

Deuil périnatal et grossesse surprise

Nous en parlions sans vraiment aborder le sujet : on l’effleurait, des fois. On se disait qu’il fallait qu’on y réfléchisse, que ça serait peut-être trop tard si on attendait trop longtemps, trop tard pour garder une différence d’âge qui nous irait bien. Trop tard pour rebondir après ce deuil dégueulasse. Entre-temps, on s’était jetés dans le boulot, histoire de ne pas trop s’autoriser à penser, parce que penser, c’était trop douloureux. PapaBackstage s’est trouvé un client très régulier, qui l’a bien occupé depuis septembre. MamanBackstage a repris ses études, a validé son master et s’est trouvée toute surprise d’être admissible au concours qu’elle convoite. Autant dire que nous n’avons pas chômé. Tout était bon pour s’occuper le plus possible les mains et l’esprit (et limiter les crises de nerfs/larmes/désespoir).

On s’est surtout refermés sur nous, sur BébéBackstage, sur notre cocon familial à qui il manquera toujours une jambe. Si BébéBackstage avait semblé pendant plusieurs mois assez éloignée du deuil de sa petite soeur, elle a finalement recommencé à poser des questions, petit à petit, l’air de rien. Où était sa petite soeur ? Quand est-ce qu’elle viendrait ? Pourquoi elle ne l’avait pas vue, elle ? Tout un tas de questionnements auxquels il nous a fallu répondre le plus justement possible et le plus sincèrement possible. Mais dire la vérité à une enfant de 4 ans qui n’a aucune idée de ce que peut être le caractère définitif de la mort, ce n’était déjà pas évident, alors si on ajoute notre chagrin en plus… Bref, on a connu des moments meilleurs.

Alors quand on a fait ce test de grossesse sans y croire du tout, quasiment un an jour pour jour après l’envol de notre Luciole, autant dire que cela a été un véritable ascenseur émotionnel.

Des sensations contradictoires

Cette grossesse, c’est d’abord pour nous un espoir un peu dingue. Elle représente tout le travail qu’on a fourni et qu’on fournit encore pour aller de l’avant. Du bonheur, après l’horreur que nous avons traversée. L’espoir d’arriver, malgré tout, à offrir à BébéBackstage la camarade de jeu qu’on souhaitait pour elle. Mais en même temps, c’est aussi beaucoup de culpabilité. La sensation parfois de trahir un peu notre Luciole. La LittleBackstage en préparation (car c’est une fille, oui, oui) ne la remplacera jamais, c’est certain. Mais on ne contrôle pas ce qu’on ressent.

C’est aussi énormément de stress, d’angoisse, de peur panique. Celle que l’enfer recommence. Que quelque chose dérape, encore. La moindre douleur, le moindre petit malaise vagal, la moindre montée de stress, et c’est la débandade. Qu’on soit clairs, nous arrivons à nous raisonner. Non, nous ne fonçons pas aux urgences maternité à tout bout de champ. Mais quelquefois, nous sommes à deux doigts de le faire, ne serait-ce que pour se rassurer.

Une grossesse très surveillée

Nous sommes encore surpris de voir combien cette grossesse est sous haute surveillance par le corps médical. MamanBackstage souffrant d’hypertension (et celle-ci étant soupçonnée d’avoir causé la perte de notre Luciole), autant dire que nous enchaînons les échos depuis six mois. Une toutes les trois/quatre semaines, environ. On regarde le poids de LittleBackstage, son bon développement, la tension de MamanBackstage, et tout ce qui peut être regardé, analysé et décortiqué pour être sûrs que tout va bien.

D’autant que cette grossesse n’est pas de tout repos. Entre les douleurs ligamentaires horribles et les contractions qui ont commencées dès le premier mois, autant dire que MamanBackstage n’est pas prête pour la coupe du monde de foot ni pour un cent mètres. Les crises de contractions nous ont d’ailleurs valu un passage aux urgences il y a une dizaine de jours. Depuis, c’est visite hebdomadaire à domicile d’une sage-femme, jusqu’à l’accouchement.

Et, à la dernière écho, la gynécologue a d’ores et déjà balisé le dernier trimestre de grossesse. Un maximum de repos et un minimum de stress et d’effort (coucou, l’oral d’admission du concours, passe-toi bien s’il te plaît). Et au moindre signal d’alarme (tension qui deviendrait instable, par exemple), ce sera une césarienne avant le terme.

Une grande soeur très impliquée

BébéBackstage a vécu sereinement l’annonce de la grossesse. En fait, elle la réclamait depuis quelques semaines. Depuis, c’est la grande soeur la plus impliquée du monde. Elle veut choisir le doudou et la susu de la petite soeur, et sait déjà comment nous devrons réorganiser la chambre qu’elles partageront. Tous les soirs, elle lui chante des berceuses. Les bisous et câlins au gros bidon de MamanBackstage sont légion. Et elle nous raconte tout ce qu’elle lui apprendra, tout ce à quoi elles joueront. Mais elle nous demande aussi si nous refabriquerons la Luciole après LittleBackstage.

Elle nous a également accompagnés à l’écho du sixième mois. Elle adore regarder les clichés, et s’extasie devant les petites mains ou les petits pieds. D’un côté, cela nous fiche la trouille. Si les choses devaient mal tourner à nouveau, ce serait d’autant plus difficile. Mais comment la blâmer de s’en réjouir autant ? Elle est tellement craquante en grande soeur attentionnée…

Bref, c’est compliqué

C’est génial, et flippant. Il nous tarde que ce fichu troisième trimestre soit passé, et que LittleBackstage soit enfin parmi nous. Vivement qu’on ait passé le cap de l’accouchement. Qu’on soit sortis de la clinique, avec de meilleures nouvelles que la dernière fois. On ne va pas se mentir, ça n’a pas été une décision évidente de retourner se faire suivre là-bas. Mais au moins, nous y connaissons tout le monde, et tout le monde sait par quoi nous sommes passés.

Surtout, vivement qu’on puisse la serrer dans nos bras. La câliner. La présenter à sa grande soeur et apprendre à faire connaissance tous les quatre. Notre Luciole nous manquera fort, pour toujours. Et nous nous assurerons que ses deux soeurs sachent à jamais combien nous les aimons, toutes les trois. Grand comme le ciel. Partout, et tout le temps.

 

Papa Backstage

Découvrez un monde que vous ne soupçonniez pas. Le vomit sans l’alcool, les cernes sans l’âge et la fatigue sans la fête. Foutez tout en l’air dans la baraque, jetez ce hochet au sol et venez headbanguer au rythme du cri primal.

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Commentaires

5 réponses à “Deuil périnatal : la grossesse d’après”

  1. Quelle excellente nouvelle ! Merci de l’avoir partagée. Tous mes voeux vous accompagnent dans cette période à la fois stressante et réjouissante.

  2. maman délire dit :

    Evidemment que c’est dur. comment ça pourrait être facile ? mais je trouve que vous vivez tout ça avec beaucoup de lucidité et de bienveillance envers vous même, c’est déjà énorme ! bébébackstage comprendra doucement à son rythme, en grandissant, ce que signifie la vraiment l’envol de votre luciole. Elle sera là dans votre cœur, et le plus beau cadeau que vous puissiez lui faire c’est d’être heureux à 4. surtout ne vous refusez pas le bonheur, vous le méritez plus que quiconque. Et si je peux me permettre un petit avis : la différence d’age ne joue pas forcement sur le fait qu’elles s’entendent bien ou non, plus tard… l’entente entre frères et sœurs, sont des choses qui échappent aux parents,même si on aimerait tellement qu’ils soient comme larrons en foire..

    • Maman Backstage dit :

      Merci pour ton message ! Je crois qu’on mesure chacun la différence d’âge « idéale » à l’aune de nos propres histoires, ce qui ne veut effectivement pas dire qu’il en existerait une qui garantirait une entente harmonieuse entre nos petits démons 🙂

  3. Elina dit :

    Toutes mes félicitations. Je suis si heureuse pour vous 4 avec votre luciole qui veille sur vous.
    Vous nous donner de l’espoir. Merci !

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