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L’enfant difficile existe-t’il ?

Lu je ne sais plus où : « Il n’y a pas d’enfant difficile. Ce qui est difficile, c’est d’être un enfant dans un monde où les personnes sont fatiguées, occupées, sans patience et pressées ». Avec tout un tas de dizaines de pouces levés en l’air pour saluer la voix de la sagesse. Et si ce n’était pas tout à fait exact ? On en parle ?

« Enfant difficile », ça veut dire quoi ?

Déjà, commençons par le commencement : la définition des termes. Si on en croit notre ami le Larousse, difficile signifie « qui se montre exigeant », « dur à contenter », « qui exige des efforts importants », « pénible »…. Aïe, « pénible », le mot est lâché, on va se faire taper dessus rapidement… Parce que du coup, l’enfant difficile, c’est celui qui va demander beaucoup plus d’effort à ses parents que les autres. Celui qui va les épuiser plus facilement. Se montrer plus exigeant (qui a dit « capricieux »?). Occuper tout leur temps, toute la place, toute leur énergie.

Bref, l’enfant difficile se définit d’abord par rapport aux autres enfants. Est-il plus simple à gérer, à contenter, à encadrer ? Est-il plus compliqué, moins docile, plus casse-pieds ? Mais l’enfant difficile se définit aussi à travers ses parents. Si je tape dans le mur parce que bébé a des coliques et pleure pendant une heure, forcément c’est qu’il m’apparaît difficile. Ou que suis un psychopathe, mais ça, c’est un autre débat (humour, on se relaxe les gens !). En revanche, le même enfant, avec un autre parent, ne parviendra à venir à bout de sa patience. Le parent le prendra dans les bras, le câlinera, et le décrira comme tout à fait calme et facile à vivre à qui voudra l’entendre.

Finalement, il est difficile de définir l’enfant difficile (merci Cap’tain Obvious), parce que c’est une donnée profondément subjective, qui va dépendre de l’enfant, des autres enfants, et des parents.

Où est-ce qu’on met le curseur, alors ?

Comme c’est subjectif, voilà où, chez les Backstage, on met notre curseur perso. L’enfant nous est difficile s’il est impoli, grossier, impossible à canaliser, hurle en permanence pour tout et n’importe quoi, enchaîne les caprices et te prend de haut quand tu commets l’outrecuidance de lui dire non. Et je t’arrête tout de suite Ginette, oui on en connaît des comme ça. Dans la vraie vie. Sinon, on ne se permettrait pas d’en parler. D’ailleurs, je vais te filer deux exemples, pas plus tard que tout de suite.

Exemple un : El Diablo.

On parle ici d’un gosse qui, à l’âge de cinq/six ans, s’amusait à attendre ses grands-parents en haut du perron qui menait à la maison. Et quand les vieux étaient au milieu de l’escalier, voilà notre petit diable qui faisait rouler une bouteille de gaz vide sur les marches pour les voir courir, ou, mieux, tomber. Le même gamin s’amusait à ramasser des serpents pour les cacher dans le lit de sa sœur. Ou lui courait après pour la faire tomber du vélo, histoire de rire en la voyant se faire mal. Le livre de ses exploits prendrait trop de place si on devait le retranscrire précisément ici, mais je crois que tu as saisi l’idée.

Ce gamin était intenable, dangereux pour lui et pour les autres, et sourd à toute remontrance, explication, ou punition. Et les parents, qui avaient l’impression d’avoir tout essayé avec lui pour le raisonner, ne savaient plus à quel saint se vouer. (Elle est pas mal, la blague biblique, c’est pas commun chez les Backstage alors j’espère que tu apprécies l’effort^^).

Exemple deux : Petit Pois.

Petit pois est un enfant difficile à nos yeux parce qu’il n’écoute rien du tout. C’est un gosse qui a besoin d’occuper toute la place. La moindre attention qui lui échapperait (parce que reportée sur un autre enfant à proximité), et c’est la bêtise assurée. Mordre, pousser, frapper, hurler, insulter, tout y passe. Les grossièretés sont légion dans sa bouche de petit pois de moins de 10 ans. Et s’aviser de le reprendre t’expose immédiatement à une bêtise plus grande, à un caprice plus violent, ou à des remontrances de la part de ses parents.

Parce que dans cet exemple, les parents ne voient pas où est le problème. Enfin, si, il vient de toi. Forcément. T’es pas assez patient, pas à l’écoute, pas compréhensif. Faut qu’il s’exprime, le môme. Qu’il vide son trop-plein d’énergie. Parce que c’est un hypersensible, et que toi, t’es un boulet qui ne fait pas d’effort. C’est subjectif, on te dit…

Du coup c’est la faute des autres ?

Et là, c’est le drame. Tu as posé la question qu’il ne fallait pas. Parce que de deux choses l’une : soit tu réponds que oui, c’est la faute de l’entourage (toi compris) et pas de l’enfant, et du coup tu absous l’enfant de ses bêtises. Soit tu réponds que non, que l’enfant est aussi responsable de son comportement, et là tu n’es plus tellement bienveillant. Ou trop déterministe. Bref, dans les deux cas, tu as tort, Ginette. Désolé.

Si on se dit que l’enfant n’y est absolument pour rien, alors on va quand même à l’encontre de la pensée actuelle qui veut que l’enfant est autonome, et qu’il faut l’accompagner dans l’affirmation de sa personnalité. Oui, il peut avoir une personnalité difficile. Il y a des enfants difficiles, comme il y a des adultes difficiles. Mais en effet, l’entourage a son rôle à jouer. Les parents en tête. S’ils lui passent tout, s’ils consentent à tous ses caprices, s’ils l’encouragent dans son comportement, alors pourquoi s’adapterait-il ? Pourquoi changerait-il son système de fonctionnement ? Pourquoi les autres ne lui obéiraient-ils pas, eux aussi ? Et c’est la fabrique à tyran haut comme trois pommes qui se met en marche.

Idem, avec les autodiagnostics foireux, qui viennent déculpabiliser tout et tout le monde en permanence. C’est pas sa faute, il est hyperactif (mais mon psy ne le sait pas). Et s’il est horrible à l’école et enchaîne mauvais résultats et mauvais comportement, c’est parce qu’il est surdoué et qu’il s’ennuie (et la maîtresse ne s’en est pas encore rendue compte). Mieux, avec validation de la recherche : s’il hurle, gigote et frappe en permanence, c’est parce qu’il a peur de mourir. Ou, s’il est dans l’opposition permanente et cherche par tous les moyens à te contrarier, c’est pas sa faute mais celle du Terrible Two (ou Terrible Three, Four, Five…). Bref, on décline à l’enfant difficile toute responsabilité (et à nous aussi, par la même occasion).

Pourtant, l’enfant y est aussi pour quelque chose.

Il a son caractère propre, qu’on le veuille ou pas. Après tout, si on lui reconnaît cette faculté pour tout ce qui touche à ses exploits, il faut aussi en accepter les côtés les moins reluisants. Il a un caractère affectueux et il sait se montrer malin, c’est tout à son honneur. Mais il sait aussi profiter de sa position de pouvoir et te rendre la vie impossible par ses caprices, et ça, ça vient aussi de lui. Certains ont un caractère plus zen, d’autres plus explosif. Regarde toi, regarde ton voisin de palier ou ton collège de cafetière, et tu verras que chacun a ses qualités, mais aussi ses défauts. Et que certains sont plus faciles à vivre pour toi que d’autres.

Il en va de même pour les enfants. Certains sont des modèles de sagesse à tes yeux, mais ennuyeux et amorphes pour d’autres. Certains sont capricieux et tyranniques pour toi, mais affirmés et sûrs d’eux pour les autres. Tu vas me dire qu’on ne choisit pas son caractère, et ce n’est pas faux du tout. Par contre, on choisit aussi de s’adapter à son environnement ou de lui rester imperméable en campant sur ses positions. On choisit d’écouter aussi les critiques constructives et de mettre un peu d’eau dans son vin, ou au contraire de se braquer davantage. Cela s’appelle l’expérience, et tu l’acquiers en grandissant, dès la naissance.

Adoucir ses angles n’est pas l’apanage des seuls adultes. Les enfants aussi sont capables de le faire. Le tout c’est de leur montrer l’exemple. De leur expliquer les raisons et la nécessité du vivre-ensemble, le rôle qu’ils jouent pour le préserver, et ce qu’on attend d’eux vis-à-vis du monde.

Du coup, on répond quoi à la question ?

Qu’il est essentiel et urgent d’arrêter de (se) mentir. Oui, il y a des gosses moins faciles que d’autres, c’est comme ça, c’est la vie. Yes, on a plus de facilités à apprécier un gamin qu’un autre, parce que son caractère nous va mieux. Et oui, certains enfants sont difficiles, caractériels, imbuvables, comme certains adultes. Même que, parfois, on les retrouve dans la même famille (et là, c’est le combo de l’enfer). Et même que, parfois, ce gamin, c’est le tien.

On répond aussi qu’il est important de ne pas se braquer. Si ton entourage trouve que ton gosse est plus difficile que les autres, peut-être qu’ils ont vu quelque chose que tu n’as pas vu (ou que tu refuses de voir). Par exemple, qu’il réagit mal à une situation actuelle. Qu’il a du mal à surmonter une difficulté. Ou que tu as besoin d’aide. Parce que si tout le monde trouve ton gosse difficile sauf toi, ce n’est pas une cabale ni un jugement de valeur sur ton éducation ou ta capacité à être un bon père/une bonne mère. C’est souvent plutôt de l’inquiétude, ou une manière d’exprimer un ressenti. D’abord, c’est quoi, un bon parent ?  On fait tous des erreurs en voulant faire au mieux, et nous avons tous nos limites. L’accepter, c’est déjà régler une partie du problème, non ?

Pour le reste, on laisse chacun décider de sa réponse à la question. Et toi, tu en dis quoi ? L’enfant difficile existe-t’il, ou n’est-il finalement que le dahu des temps modernes ?

 

Papa Backstage

Découvrez un monde que vous ne soupçonniez pas. Le vomit sans l’alcool, les cernes sans l’âge et la fatigue sans la fête. Foutez tout en l’air dans la baraque, jetez ce hochet au sol et venez headbanguer au rythme du cri primal.

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Commentaires

6 réponses à “L’enfant difficile existe-t’il ?”

  1. Fraupruno dit :

    Merci pour cet article qui fait du bien! JE voulais traiter le sujet moi aussi car j’ai un fils qui a été vraiment très difficile. JE n’ai pas osé car j’avais peur du lynchage dont tu parles (j’ai déjà parlé de la lecture avant 6 ans ouh la vilaine). Merci de briser la langue de bois et félicitations au fait pour le bébé à venir (javais lu l’article mais pas eu le temps de commenter 😉

    • Maman Backstage dit :

      Effectivement, j’avais vu ton article sur l’apprentissage anticipé de la lecture (il me semble même l’avoir commenté, d’ailleurs). On a ici un peu de mal avec les sujets qui, d’autorité, semblent ne pas supporter la contradiction. Il nous semble que tout peut se discuter, à partir du moment où on respecte autrui. Je serais ravie de lire ta version à toi du sujet, d’ailleurs, surtout si tu parles de ton fils, ton point de vue sera vraiment enrichissant ! Et merci au passage pour les félicitations 😉

  2. J’ai beaucoup aimé ton article ! Et je suis tout à fait d’accord ! J’ai beau essayé d’être le plus possible dans la bienveillance, cela n’empêche que ce sera plus facile avec certains enfants qu’avec d’autres. Car oui, chacun à son caractère ! Je ne vois pas pourquoi les enfants naîtraient tous identiques et que leur façon d’être en grandissant serait uniquement liée à l’éducation. Bien sûr, une part de l’enfant et forgé par l’éducation qu’il a reçu mais pas tout !

    • Maman Backstage dit :

      Merci ! Effectivement, l’éducation fait beaucoup, mais elle ne fait pas tout ! Sinon, depuis le temps que la mode est à la bienveillance, la tolérance et la douceur, on aurait un monde un peu moins chaotique, non ? Comme tu le dis bien, à chacun son caractère 😉

  3. Connaissez-vous le livre « de l’enfant-roi à l’enfant-tyran » de Didier Pleux ? il est souvent décrit comme le psy-fouettard mais je crois qu’il énonce un grand nombre de préceptes de bon sens, dont celui-ci : certains enfants sont simplement imbuvables, et ont besoin d’être remis dans les rails de la manière la plus ferme car ils manipulent sciemment leurs parents. Ces enfants n’ont pas forcément d’excuses environnementales ou familiales. Ils ont juste des parents trop gentils ou trop c..s ou trop culpabilisés, je ne sais pas 🙂

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