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L’accouchement pour un Papa #2

Pour ceux qui n’ont pas lu le début, c’est par ici.

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Là, on se retrouve seuls. Enfin, JE me retrouve seul avec cette toxico à qui on ne donne que de la drogue de seconde zone qui ne semble avoir aucun effet sur elle.

Au bout de 25 minutes, une sage-femme arrive tout sourire pour poser des capteurs sur le bide de ma femme.

Cela nous permet d’entendre le coeur du bébé et de mesurer l’intensité des contractions, pour voir s’il y a un problème.

Alors ce truc c’est génial. Déjà, ça fait un bruit horrible. Et vu que le bébé bouge toujours dans le ventre du démon, le bidule ne capte plus les battements du coeur… Alors ça c’est super rassurant, je vous laisse imaginer. Bon la mère, elle s’en fout, elle a mal, on a bien compris.

Là tu te transforme en excité du bouton d’appel des sages-femmes.

On entend plus le coeur !!

La péridurale ne semble pas fonctionner !!

On entend plus le coeur !!

Vous pouvez pas lui ajouter une dose d’anti-douleur ?

On entend plus le coeur !!

Bref, on reste zen en toutes circonstances…

Sixx A.M. – Help in on the Way

Déjà pas mal de temps qu’on est en salle de travail. Nom magnifique d’ailleurs… La première chose que va voir notre bébé est une salle de travail… Pour un couple d’anars, il y a quand même mieux !

Les contractions de ma femme sont de plus en plus rapprochées et font de plus en plus mal. Il est temps de voir en direct live, une femme toucher le minou de ma femme… Alors autant sur le papier ça peut être un fantasme – et encore – que dans les faits c’est nettement moins rigolo.

Oula oui ça va aller très vite, vous êtes bien dilatée. Encore une heure et ce sera bon.

C’est vrai que pour un accouchement, une ou deux heures, c’est court… Mais pour les parents c’est long ! Déjà, la mère souffre, j’imagine que ça doit pas tellement être agréable… Mais le père ne prend pas plus de plaisir non plus. Bon déjà, il est un fait admis qu’il faut qu’un couple s’aime. Qui dit amour dit inquiétude, compassion et ça ne met pas super à l’aise de voir sa femme avoir mal, passer un sale moment et commencer à être épuisée de douleur.

– La péridurale ne semble pas bien fonctionner…

– Ça va être trop rapide pour qu’elle puisse faire effet… Il n’y a rien à faire malheureusement…

AcDc – T.N.T

Une heure passe. Le bébé semble aller bien et les contractions de ma femme s’intensifient. Il est l’heure… Et là attention ! La salle de travail stylisée Bisounours change du tout au tout en 3 minutes ! Alors que nous étions seuls depuis 3h, là, deux sages-femmes font leur entrée, l’une appelle l’obstétricienne de service et très vite, on se retrouve à 6 dans cette petite pièce. Ayant assisté à une « réunion » de préparation à l’accouchement où on nous disait que la plupart du temps il n’y avait que deux sage-femmes en salle de travail :

– Il y a un problème ?

– Pas du tout ! Pourquoi ça Monsieur ?

– Et bien… y a beaucoup de monde !

– Non mais c’est parce que tu nous excites Ô grand métalleux sexy ! Approche, j’ai rien sous ma blouse…

Ouais l’adrénaline sans doute…

Les fauteuils sont poussés, les rideaux tirés, les plateaux agencés autour du lit transformé en quelques secondes en machine de torture.

– Allez ! Il va falloir bouger un peu Madame, mettez les pieds ici.

– J’ai maaaal.

– Je sais mais il va falloir faire un petit effort. Ici vous avez de quoi vous accrocher quand vous allez pousser…

Arch Enemy – Enter the Machine

Là, en tant que père, on a juste l’impression de gêner dès qu’on fait un truc. On hésite même à parler à sa femme. Déjà parce qu’on se doute bien que peu importe ce qu’on va dire, elle s’en fout et puis…ces satanées bonnes femmes n’arrêtent pas de parler !

Bon allez, il faut que tu montres que tu es un homme parfait et un père parfait ! Tu stresses ok ! Mais il ne faut pas que tu le montres ! Tu es grand, beau et fort ! Et puis qui sait, elle a peut-être rien sous sa blouse…

Je reconnais avoir grandement flippé durant l’accouchement en lui même. Bizarrement je n’avais pas peur que le bébé ait un problème, du moins pas directement. J’avais surtout peur que ma femme n’y arrive pas. Alors foutes-vous de moi si vous voulez… Mais je n’avais jamais vu ma femme comme ça. Un savant cocktail de stress, de douleur, on ajoute à ça un poil de péridurale et ça vous donne une femme complètement à l’ouest tenant, par moment, des propos assez incohérents. Et là, qu’une femme ait suivi ou non des cours de préparation à l’accouchement, le résultat est le même : J’emmerde les techniques de respirations, j’emmerde la technique pour pousser au bon moment, tout ce que je sais, c’est que je veux que ça se finisse !

Elle n’arrivait pas à pousser au bon moment, ne s’y prenant pas de la bonne manière, bref c’était la merde. Et c’est surtout quand elle m’a regardé dans les yeux et qu’elle m’a dit…

Chéri, je ne vais pas y arriver, je ne peux plus…

…que j’ai eu peur.

Mais il fallait bien continuer…

Allez, montre que tu es là pour elle, qu’elle pourra toujours compter sur toi !

– Allez chérie, sois digne !

Oui j’ai le même humour dans la vie que sur mon blog… Mais ma femme aime bien, donc ça l’a fait rire. Le sages-femmes par contre…

D’un coup sentant un léger problème de gestion de la douleur de la future maman, une sage-femme d’un certain âge hausse le ton :

Bon écoutez-moi bien jeune femme ! Là, votre fille, elle ne peut plus respirer, alors il faut pousser pour la faire sortir sinon il va y avoir un gros problème !

Ma fille est née moins d’une minute après. Même les sages-femmes étaient surprises… 3h30 après avoir perdu les eaux chez nous, ma femme et moi pouvions enfin tenir ce petit diable qui allait illuminer nos journées et écourter nos nuits.

– Je ne sens plus mes jambes !

– C’est normal, la péridurale commence à faire effet.

– Ah super…

Mais ce n’est pas fini ! Moi qui pensais pouvoir admirer cette merveille, je me retrouve à suivre une vieille pie voleuse de bébé, lui insérant des tuyaux par tout les trous, la pliant dans tous les sens, lui versant des gouttes dans les yeux…

Bienvenue dans le Monde, ma fille !

Après 4h d’attente en salle de travail – oui c’est long…très long…- on peut enfin avoir notre chambre. Je peux enfin prévenir la famille.

– Allo ?

– Maman, c’est moi ! BébéBackstage est née !

– Super !! Tout s’est bien passé ? Quel drôle de nom !

– … – oui j’assume ce moment de blanc où je rassemble mes forces pour continuer à parler correctement –

– Allez mon chéri c’est super, te voilà Papa ! Elle est née quand ?

– À midi.

– Midi ? Il est 16h ! Tu m’appelles que maintenant ?!

Me voilà Papa. Moi !

Voici la fin de mon histoire. Nous n’avons pas de douleurs extrêmes, n’avons pas de déchirure, nous ne sommes pas inquiets pour notre propre santé et nous ne ressentons pas les mêmes choses que les Mamans. Mais nous accouchons aussi. Peut-être pas au sens médical du terme mais on se doit d’être là, de gérer tout ce qu’il y a à gérer, ça passe par l’administratif, les inquiétudes de sa femme, nos propres inquiétudes, nos sentiments, notre stress et ce putain de lit de camp des années 70 sur lequel on dort 3 ou 4 nuits !

Dagoba – The Greeat Wonder

Papa Backstage

Découvrez un monde que vous ne soupçonniez pas. Le vomit sans l’alcool, les cernes sans l’âge et la fatigue sans la fête. Foutez tout en l’air dans la baraque, jetez ce hochet au sol et venez headbanguer au rythme du cri primal.

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Commentaires

8 réponses à “L’accouchement pour un Papa #2”

  1. rachel dit :

    Le point de vu d’un papa, c’est cool ! Je suis à 100 % d’accord avec ce que tu dis sur le fait que les papas aussi « accouchent » d’une certaine manière. C’est un moment très important pour vous aussi ! Je regrette qu’en France on laisse aussi peu de place aux pères que ce soit pendant la préparation ou pendant « le travail ».
    Par contre plus je lis ou entends des récits d’accouchements classiques (à la mater avec péri…) plus je suis heureuse d’avoir fait le choix d’un accouchement physio avec accompagnement global. On m’avait traité de maso, on m’avait dit que je regretterai mon choix dès que les contractions se rapprocheraient mais en fait quand on se trouve dans une salle aménagée presque « comme à la maison », avec lumière tamisée, musique de son choix et surtout que les seules personnes présentent sont le papa et une sage-femme qui nous suit depuis le début de la grossesse, ben les contractions sont tout de suite beaucoup plus gérables, l’expérience est bien plus douce et surtout le papa est moins flippé car acteur (mon mari à vraiment pu m’aider à gérer la douleur en me faisant des massages, en m’aidant à prendre des positions pas toujours très glamour mais qui font du bien…etc).

    • PapaBackstage dit :

      Bon après, la « salle de travail » n’était pas horrible…Enfin pas trop disons… Ce n’est pas un cadre des plus rassurant surtout. Ce que je regrette le plus c’est vraiment cette sensation de gêner quoi que tu fasses. Les sages-femmes ne m’ont rien dit du tout, pas de réflexions ou autres – heureusement pour elles sinon elles auraient été reçues – mais j’ai été « exclu » totalement. Tellement exclu qu’elles ne m’ont même pas demandé si je voulais couper le cordon ou pas. Heureusement que je ne voulais pas le couper, idée que j’avais depuis le début de la grossesse de ma femme, sinon ça aurait pu tout foutre en l’air…

  2. maman délire dit :

    oufff.. et bah quelle aventure.. ça fait vraiment quelque chose de lire ça « de l’autre coté du miroir » ! mais tu as raison: c’est terrible finalement de voir la personne qu’on aime qui souffre, sans pouvoir y faire grand chose ! même si c’est « pour la bonne cause  » !! en tout cas bravo pour ce recit !!

  3. Très intéressant ce billet écrit par un papa! Ça change un peu de tous ces récits d’accouchement de meufs hyper hormonées (suivez mon regard). Bref, bravo pour ton humour!

  4. Ah oui, j’ai adoré le « sois digne ». Du grand génie!

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