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Les idées reçues sur le parent au foyer

Ce matin je lisais un article très intéressant sur une éventuelle prime pour les parents au foyer. Ça rejoignait assez l’idée du revenu universel que je soutiens. Et là, j’ai fait LA chose qu’il ne faut surtout pas faire sur le Ternet : lire les commentaires…

Il y a à boire et à manger… Surtout à vomir. Les clichés pourrissent l’être humain de l’intérieur, attisent les flammes de la haine et poussent au jugement permanent – Tadadaaaaaan – !

Puis j’ai lu un article de Frau Pruno du blog Escarpins et Marmelade – elle est vraiment bizarre à écrire cette phrase… – sur les idées reçues sur les profs. Et j’ai moi aussi eu envie de parler des idées reçues concernant mon boulot à moi : parent au foyer.

 

Le parent au foyer est perpétuellement en vacances.

Grave ! Et même qu’on sirote des Mojitos en tongs-chaussettes – dernière mode à Amsterdam – sur la plage pendant que Natasha, jeune fille au pair Russe travaillant exclusivement nue, s’occupe des lardons ! Qui ne signerait pas ? Plus sérieusement, ok ce sont des vacances… Mais elles sont franchement chelous ces vacances ! On se lève entre 7h et 8h – ça dépend de la quantité de rhum dans le biberon de la veille – sous les doux cris stridents d’un mioche aux cordes vocales toutes neuves. Le pire c’est que vous ne pouvez pas le frapper comme le radio-réveil – oui ça existe encore – le lundi matin, c’est votre enfant… Je ne vais pas dire que la journée ressemble au bagne, n’exagérons rien ! Les bagnards ne devaient pas s’occuper de la bouffe ! Comme pendant des vacances, on profite de la vie, des matinées ensoleillées, du petit déjeuner sur la terrasse, des oiseaux qui chantent la vie… Ou pas… Les matinées ensoleillées, on ne les voit pas, sauf quand il faut étendre le linge. Le petit déjeuner sur la terrasse se transforme en biberon sur le canapé devant une énième rediffusion du Roi Lion pendant que le parent au foyer boit son café en calculant ce qu’il va faire à manger pour le midi… Quant aux oiseaux… On parle bien de ces putains de pigeons qui chient sur le auvent ?

Beach Boys – Surfin USA

Le parent au foyer ne fait rien de ses journées, enfin si, il s’amuse.

Normal, il est en vacances, vous avez oublié ?! Ne rien faire… C’est pas le pied absolu ça ? Et je parle pas du pied d’un diabétique ! Rien n’avoir à faire à part la vaisselle, lancer le lave-linge, mettre les fringues pleines de confitures à tremper, ranger la chambre du lardon trop petit pour comprendre le terme « ranger », préparer le repas du midi… Enfin profiter de la sieste du gamin pour… étendre le linge, passer le balai, la serpillère, faire le tri des vêtements trop petits, préparer les activités de l’après-midi, préparer les sorties de l’après-activité, s’asseoir en prenant un café et commencer à… non il(elle) est réveillé(e)… changer le mioche, le faire goûter, calculer le repas du soir, baigner ce sac de crasse etc. etc. Ah, ne rien faire de ses journées… Bien évidemment, il est inutile de parler de la gestion de la vie quotidienne : les courses, les problèmes administratifs – pléonasme -, l’entretien de la maison, les crises des mioches, les pleurs etc. etc. etc. Après, oui, on s’amuse ! Heureusement j’ai envie de dire, sinon ce serait réellement de l’esclavage. Mais avant de crier au scandale, imaginez-vous en train de jouer avec un gamin de 9 mois toute la journée. Non parce que le machin il ne joue ni au foot, ni à la console, ni aux Légos hein ! C’est plutôt : regarder une peluche qui bouge, Pouet-pouet sur le nombril, bouteille remplie d’eau colorée… Rien de fou-fou n’est-ce pas ?

Korpiklaani – Tequila

Le parent au foyer n’est pas stressé par le boulot.

Il est évident que le parent au foyer, lui, ne participe pas aux commérages autour de la machine à café. La machine à café, il l’a pour lui tout seul. Et même que s’il gère bien l’éducation de son gamin, il n’a pas de patron sur le dos toute la journée ! Concernant le stress, c’est autre chose. Son outil de travail : le tube d’Arnigel ! Le parent au foyer se doit d’être irréprochable. Bah oui, déjà qu’il passe toute la journée à rien foutre, il faut montrer qu’il le fait bien ! Du coup quand il n’est pas stressé de tout accident pouvant survenir à sa progéniture, il se stresse tout seul sur les activités à faire avec. Il faut bien justifier de sa condition, montrer qu’on s’occupe bien de l’enfant. C’est bien pour cela que l’on dit que les enfants ayant la chance d’avoir un de leur parent à la maison sont beaucoup plus sollicités, donc peuvent avoir une certaine avance sur certains points. Et ce cheminement neuronal de l’enfant est créé par la pression que se met son parent tout seul, comme un grand. Et par moment on va loin, hein ! Comme je le disais dans un précédent article sur la peinture, lorsqu’il s’agit de faire faire un truc un brin original à son enfant, le côté créatif de chacun explose ! La peinture aux doigts est trop commune, on va passer à l’essoreuse !

Rush – Working Man

Le parent au foyer est reconnaissable par la tâche de vomi sur l’épaule, les cheveux en vrac et les cernes sous les yeux.

Gros cliché que le personnage de Lynette Scavo de la série Desperate Housewives n’a pas aidé à enterrer. Car non, nous ne sommes pas toutes et tous de gros dégueulasses, se trimballant en jogging trop grand et en t-shirt décoloré avec cette fameuse trace de gerbe sur le torse ! Quid de toi, saleté de cadre carriériste, avec ta tâche de mayo sur ta cravate ?! On va pas venir raconter à tout-va que tous les cadres sont des gros dégueulasses non ?! Bon alors, si vous n’avez pas d’enfants, sachez que non, un mioche ne passe pas son temps à gerber… pardon, à régurgiter. Il faut bien qu’il en reste un petit peu pour son développement ! Ensuite, un parent au foyer a lui aussi ce réflexe qui est de se changer quand il est sale. Il paraît même que certains prennent des douches… Légende urbaine ? Concernant les cernes sous les yeux, c’est bel et bien un mythe. Elles peuvent apparaître en cas de fatigue, de stress, de grosses nuits bien pourries ou encore de ras-le-bol d’entendre crier toute la journée. Ce qui n’est bien évidemment pas le cas d’un parent au foyer… pardon, d’un parent en vacances !

Europe – Riches to Rags

Le parent au foyer vit aux crochets de son(sa) conjoint(e).

Tout dépend de la vision que l’on a de l’accomplissement. Dire qu’un parent au foyer vit aux crochets de son conjoint induit un jugement sur la place et l’utilité de chacun. En quoi un parent qui va bosser pour ramener des sous est plus utile que celui qui va s’occuper du foyer et des enfants ? En rien. Les deux, bien qu’ayant un rôle différent, sont utiles et indispensables. Certaines et certains ne sont pas « faits » pour rester à la maison à tout gérer alors pourquoi certains n’auraient pas le droit de n’être pas « faits » pour aller bosser ? Cette phrase va induire tout un tas de saleté du style « Ces profiteurs qui vivent au crochets de… ». De qui ? De la société ? Non, un parent au foyer ne touche rien du tout. Quand on lit certaines études démontrant que s’occuper soi-même de son enfant fait de lui un être plus posé, réfléchi et en avance, qu’on se pose sur le fait qu’on construit le citoyen de demain, notre rôle paraît beaucoup plus important. Je militerai donc toujours pour un revenu pour les parents au foyer ou revenu universel. Du conjoint ? Là encore, il y a jugement. Chacun fait un peu ce qu’il veut non ? Dans le cas des Backstage, tout se passe bien, ma femme est consciente du rôle important qu’est le mien et se sent beaucoup plus sereine à l’idée que je m’occupe de notre fille plutôt que de la confier à quelqu’un. Ensuite il y a l’aspect financier. La plupart des gens bossent pour le SMIC, quand on voit combien coûte une nounou, qu’on ajoute à ça les frais de transport ou autres, le montant restant à la fin du mois fait relativiser les choses. Chacun ses choix, chacun fait ce qu’il veut et comme il le veut.

Kiss – Parasite

Le parent au foyer devient un être asocial.

Je l’étais bien avant d’avoir un enfant !

Le parent au foyer n’est pas épanoui.

Ça encore, c’est un grand débat. Le rôle de parent au foyer est très épanouissant. Pourquoi ? Quand on fait un enfant, il me semble que c’est par amour, choix ou envie d’encore plus de bonheur. On n’est pas benêt, on ne va pas faire un gamin par plaisir de changer des couches, de ne pas dormir, d’avoir une vie hachée et de maîtriser le « Agueugueu » couramment. C’est pour tous les moments de bonheur que l’on s’imagine que l’on fait des enfants. Et la chance qu’ont les parents au foyer est de ne pas en louper un seul. On vit l’évolution de nos p’tites têtes blondes au quotidien et c’est un pur bonheur. En fait ça compense largement les moments de galère du reste du temps, heureusement. Encore une fois, tout dépend de ce qui nous rend épanoui ou accompli. Pour certains, ça va passer par une grande carrière professionnelle, d’autres par un travail qu’ils adorent même si c’est mal payé, et d’autres encore en s’occupant de leurs enfants. Il ne s’agit tout simplement pas de faire une échelle de valeur ou d’utilité. Si on va par là, je ne suis pas sûr que le travail d’un petit comptable au fin fond de son bureau va changer la face du Monde !

Silverchair – Freak

Papa Backstage

Découvrez un monde que vous ne soupçonniez pas. Le vomit sans l’alcool, les cernes sans l’âge et la fatigue sans la fête. Foutez tout en l’air dans la baraque, jetez ce hochet au sol et venez headbanguer au rythme du cri primal.

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Commentaires

4 réponses à “Les idées reçues sur le parent au foyer”

  1. l0uanne dit :

    Je suis pas vraiment mère au foyer, mais au chômage, donc sur le terrain ca revient au même, je ne peux qu’approuver ton article !!!! Moi je me prend souvent des réflexions comme quoi je fous rien de mes journées, et que donc je peux pas être fatiguée, ou que j’ai pas besoin de me détendre. Et quand je laisse ma fille à garder pour des rendez vous, la personne n’en peux plus au bout d’une demi-journée, mais on me dit quand même « Mais toi t’es jeune, tu récupères vite » ouais sauf que je me rappelle même pas la dernière nuit complète que j’ai pu faire.
    Car c’est bien connu qu’a 2 ans un enfant ça obéit au doigt et à l’œil et ça bouge pas d’un pouce.
    Après en toute sincérité, ç me tarde de trouver du boulot, car mère au foyer c’est pas fait pour moi.

    • PapaBackstage dit :

      Ça je comprends tout à fait ! Comme je dis dans l’article, certaines ou certains ne sont pas fait pour ça. Ma femme par exemple, ça ne lui dit rien de rester toute seule avec la puce. Elle ne se le sent pas du tout et n’en a pas envie. Nous sommes bien complémentaires 🙂

  2. Natasha de côté, j’ai beaucoup aimé cet article. Je suis maman au foyer depuis 3 ans. Pas vraiment par choix mais je le suis. J’ai dû mal à me sentir légitime de ce rôle, peut être parce qu’il y a tous ces stéréotypes que tu as énuméré. J’ai une maladie qui me cause des douleurs chroniques, et le travail était devenu pour moi une torture quotidienne et dangereuse pour mes patients (force, maintient et mobilisation). A la maison les douleurs sont présentes également mais je vais à mon rythme, et gérer tout le petit monde (quatre enfants) me donne pas mal de boulot. J’aime ma vie. Mais je culpabilise. J’ai peur des jugements. Difficile de s’affranchir du regard d’autrui. Mon mari est ravi, moi j’ai le cœur serré lorsqu’il va bosser dès 4h du matin. Notre choix est apprécié par toute la famille, il y a juste ce travail psychologique que je suis entrain de faire pour arrêter de me sous estimer « parce que je n’ai pas de vie professionnelle » . Bonne soirée et merci pour cet article

    • PapaBackstage dit :

      Tout d’abord merci d’avoir apprécié ce billet. J’ai vraiment voulu démonter cette légende obscure et dépréciée du parent au foyer. Tu as tout dit dans ta dernière phrase : tu te sous estime. Crois-moi, je sais ce que c’est. Pas pour mon rôle de père au foyer mais pour tout un tas d’autres choses…

      Déjà, si je comprends bien tu n’es pas mère au foyer par véritable choix mais par nécessité physique. Ce qui explique encore mieux pourquoi tu le vis aussi mal.
      Nous vivons malheureusement dans une société où la place de chacun est jugée selon la carrière professionnelle. Ce phénomène, en plus d’être totalement absurde est aussi complètement aberrant. Moi aussi j’ai eu droit à certaines réflexions bien sympathiques telles que :

      « Tu la vis bien l’ascension professionnelle de ta femme ? »
      « C’est bien beau de s’amuser mais c’est quand que tu trouves un vrai travail ? »

      Ou d’autres plus subtiles comme :

      « Moi je travaille »
      « Ah ça va te faire bizarre le jour où tu travailles vraiment ! »

      Malheureusement il faut s’y faire, on passe son temps à juger les autres, constamment, sur tout… Il faut juste arriver à se poser les bonnes questions en faisant abstraction de tout :

      – Est-ce que j’aime rester à la maison ?
      – Ça m’apporte quoi ?
      – J’apporte quoi à mes enfants ?
      – Est-ce que ta famille est heureuse ?

      Ce sont des questions bêtes mais essentielles. Si tu es claire avec toi-même tu pourras affronter ce fameux regard des autres. En quoi cela est un échec de vie de s’occuper de ses enfants ? C’est pour cela que par moment sur ce blog j’ai un ton assez tranchant sur ma vie de père au foyer. Chacun fait ce qu’il veut de sa vie, moi j’ai choisi et j’assume. Du coup je joue sur ça pour être grinçant : qu’y a t-il de plus beau que de forger un être humain ? Nous sommes fait pour ça, pas pour se casser la santé au boulot non ?

      En tout cas tu ne dois pas avoir des journées faciles ! Quatre enfants + les douleurs… Tu n’as à rougir de rien du tout, tout le monde n’est pas capable de faire pareil ! Mets-toi bien ça dans le crâne ! En plus tu as le soutien de toute ta famille 🙂

      Merci à toi et bon courage pour la suite.

      Let’s Rock Mom !

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